TOP GUN: MAVERICK / 2022

Réalisé par JOSEPH KOSINSKI
Avec: Tom Cruise, Jennifer Connelly, Miles Teller, Jon Hamm

Oui je sais. On a déjà quasiment tout dit de ce "Top Gun: Maverick" qui devait sortir en 2020 mais que la pandémie a éloigné de nous comme une tranche de pain au miel d'un ours sans pattes. Le public en général adore (les chiffres sont faramineux), les critiques sont mitigées mais tirent vers le bon voire très bon; et moi dans tout ça? Oui ça aussi je sais, on s'en tape me direz-vous. C'est vrai, mais j'avais quand même besoin de livrer mon ressenti tant il a été puissant, et ce, même après deux visionnages sur la toile (en Imax et en 4dx). Vous avez entendu ce bang? Ben c'était moi qui passait le mur du son confortablement assis dans mon siège molletonné. Accrochez vous il va y avoir un peu de nettoyage...



Nous allons donc suivre Maverick deux heures durant, essayer de former un petit groupe à réaliser une mission "presque" suicide pour détruire une installation ennemie au coeur d'une montagne. Simpliste me direz-vous. Et vous aurez raison tant le scénario semble surtout un prétexte à deux choses: titiller la corde sensible du nostalgique présent en chacun de nous (à grands coups de musiques mythiques et de clins d'oeil mélancoliques assaisonnés de visions sur un futur qui nous éloigne tous un peu plus de ce que nous étions) et faire une ode à Tom Cruise qui est toujours le meilleur. Nous on s'en fout, Tom (l'acteur, le bonhomme je connais pas) on l'aime bien.

Oui car ce que l'on ne peut pas nier c'est qu'il est généreux le bougre, il donne de sa personne. Il fait le maximum lui-même sans doublures (y a même des doublures qui sont doublés par Tom Cruise, c'est pour dire) et oblige même sur ce coup les autres acteurs à en faire de même. Résultat, tout le monde s'est trouvé embarqué dans de vrais avions, à vraiment vomir ses tripes, et ça se ressent clairement à l'écran. Inutile donc de vous dire que le spectacle est total. On frissonne, on virevolte, on s'émerveille devant des panoramas absolument dingues, on a littéralement la tête à l'envers devant tant de virtuosité (Kosinsky sait en plus tenir une caméra, il nous l'avait déjà prouvé avec l'excellent "Oblivion"). Les scènes d'actions (nombreuses), c'est check. Et le reste? Et bien c'est à l'unisson. Les acteurs sont non seulement investis mais tout aussi excellents. Miles Teller livre une bien belle prestation en fils de "Goose" bien colère contre son instructeur, qui va peu à peu reprendre la figure paternelle laissée vacante par son ami (le "Va-y fiston" de la séquence finale est à ce titre chargé d'émotions). Cruise renoue avec une ancienne petite-amie (citée dans le "TopGun" original) incarnée à la perfection par Jennifer Connelly qui remplace donc au pied levé Kelly McGillis; et ça marche! Ni trop gnangnan, ni trop présente d'ailleurs, la love story donne un côté humain à ce Maverick façon robot de précision qui dégomme tout sur son passage (et permet de passer pépouze le nouveau tube de la Gaga). Entre ça et son nouveau boulot de papa, il se rangerait presque le bougre. Mais ce qui ressort surtout du film, c'est cette propension qu'à le monde actuel à reléguer ses héros au rang d'antiquités sans prendre de pincettes. "Le futur est en marche, mais tu n'en fais pas partie"; phrase balancée à Maverick/Cruise comme pour lui signifier qu'on aura bientôt plus besoin de pilotes (merci les drones) comme bientôt on aura plus besoin d'acteurs, ni de cascadeurs, ni même de réalisateurs (merci l'IA)... Le film sonne donc comme un pied de nez de Tom à Hollywood en montrant que faire les choses pour de vrai et pas devant un fond vert sera forcément payant pour tout le monde. Et rien que pour ça on ne peut que le remercier! Un petit mot aussi du retour de Val Kilmer, même si je vais m'empêcher de spoiler pour les quelques uns au fond qui ne l'aurait pas encore vu... Si vous avez du coeur, vous allez verser une petite larmichette (et franchement fallait oser).