SISU: DE L'OR ET DU SANG / 2022

Réalisé par Jalmari HELANDER
Avec: Jorma Tommila, Aksel Hennie, Jack Doolan, Mimosa Willamo

Dès la première diffusion de la bande annonce sur les plateformes vidéos bien connues, j'avais été plus que titillé par la proposition. Une sorte de Western nordique mélangé à un John Wick mais en plus expéditif (comprenez avec un peu moins de chorégraphies et plus de barbaque). Comment résister? Et j'ai bien fait de ne pas le faire. "Sisu" est une espèce d'ovni aux croisements des chemins, joliment emballé et soufflant régulièrement un sang frais sur un genre qui a tendance de nos jours à se noyer dans le marasme. Pas de fioritures, peu ou pas de scénario mais une puissance visuelle et scénique de tous les instants. La proposition me va, je prends.



On va donc suivre Aatami, chercheur d'or ayant à peu près tout perdu, mais surtout redoutable combattant écarté de l'armée régulière car trop incontrôlable (il aurait tué 300 soldats à lui tout seul); parachuté en Laponie, il cherche la richesse jusqu'à la trouver et compte bien ne pas se la laisser piquer par une bande de nazis de pacotille passant par là. Voilà, pas plus pas moins. Ceux qui sont allergiques aux scenarii post-it, passez votre chemin où vous allez vous taper une éruption de boutons presque instantanément.

Inspiré d'un célèbre Sniper Finlandais (Simo Hayha), ce curieux personnage mutique trimballe donc sa carcasse abimée pendant une bonne heure et demie en dessoudant à peu près tout ce qui se trouve sur son passage et qui aurait un uniforme Allemand. On se retrouve donc à contempler de magnifiques paysages de Toundras, filmés avec soin, éclairés avec goût et colorés par le sang des soldats qui ne manque pas de gicler à la moindre occasion. C'est gore, très gore même parfois mais tout en gardant un côté comics qui évoquerait presque un cartoon live avec toutes les invraisemblances et les exubérances que cela implique. Cet aspect BD est d'ailleurs renforcé par un découpage en chapitres (aux forts accents Tarantinesques), comme autant de pages d'une histoire d'aventure rocambolesque. Alors oui, Sisu est presque invulnérable, ses actions sont souvent improbables, décalées même (la montée dans l'avion ou pire, sa chute) mais c'est tellement brutal et jouissif qu'on s'amuse à voir les membres voler dans ce qui s'apparenterait à un balai de sang et de sueur. Malgré un budget qu'on n'imagine pas extensible à l'envie, les effets spéciaux (mélange de pratique et de CGI) tiennent très bien la route et participent à faire de ce joyeux bordel un chouette divertissement régressif. Helander nous offre donc une fable hors du temps, passant plus par les poses que par les dialogues et envoyant du pâté aussi souvent qu'elle le peut. Mais soyez prévenus: si vous recherchez de la vraisemblance, une histoire profonde et autre chose qu'un déferlement de violence graphique parfaitement orchestré, passez votre chemin, vous risqueriez de vous perdre en route.